J’entre dans la fin de mon automne, ma phase lutéale.
Et mes états d’âmes débarquent
sous leurs plus beaux déguisements de saison :
la mère Noëlrumination, le renne Rudolph émotion, et le lutin Farceursaturation.
Lors de mon départ à ma dernière retraite, j’étais en mode guerrière,
plâtrée, apeurée mais plus déterminée que jamais.
J’entrais d’ailleurs dans ma phase ovulatoire, mon été.
Puis je suis revenue dans un état assez similaire,
un peu chamboulée mais inarrêtable, avec le sentiment que tout était facile, tout était à ma portée.
C’était le début de mon automne, et maintenant que j’arrive à son autre moitié,
je me retrouve pas mal déstabilisée.
J’ai le sentiment de ne pas avoir pris assez de temps pour me poser, m’isoler, me centrer, me sentir.
D’ailleurs, le seul soir où j’avais prévu de le faire,
j’ai oublié les clés de chez moi.
Et aujourd’hui, en mettant des mots sur mes pensées et mes sensations, je crois
que j’ai compris. C’est comme si
mon attention voulait fuir.
Comme si
une partie de mon corps savait que ce qui l’attendait, là, dans ce retour intérieur,
il fallait en avoir peur.
En extériorisant ce qui trottait dans ma tête
j’ai réalisé que, oui, je saturais
de la foule et de la sur-activité autour de moi,
de ces engouements autour de Noël que je ne supporte pas,
de ces attentes qui doivent absolument être assurées,
de ces faux-semblants qui ne cessent d’exister.
Et donc qu’en effet,
je nécessitais profondément d’un isolement, d’un retour à moi.
Mais au delà de ça, j’ai surtout réalisé le pourquoi.
Ce dont je nécessitais vraiment ce n’était pas tant un isolement, mais endroit qui saurait
être assez secure (une « safe place ») pour que je puisse pleinement m’y déposer.
Ce dont j’avais vraiment besoin ce n’était pas tant un retour à moi, mais la possibilité
de pouvoir ressentir, extérioriser, et intégrer, tout ce qui a pu être vécu cette année.
Et putain quelle année.
Le problème c’est que j’en ai envie autant que ça me terrifie.
Le problème c’est que je me sens toujours incapable de plonger en moi sans guide.
Le problème c’est que j’en ai marre de l’autonomie.
Mais que j’ai aucune idée de comment fonctionner sans elle/aile.
Ce qui me renvoie à ce que cette dernière retraite m’a apprise : égalité d’âme, confiance, sensibilité, cœurage, fin de la bataille.
Alors voilà, je rentre dans ma seconde moitié d’automne, ce pré-hiver.
Et en cette période de solstice, j’ai très envie de me délayer/délecter de la noirceur,
pour pouvoir accueillir la lumière.
Dernièrement dans l’avion, j’écrivais :
Je surplombe les nuages. Je plonge en eux.
Je les traverse et les laisse me traverser.
Je les savoure. Autant que je savoure les rayons roses et oranges qui les succèdent.
J’accueille leur froideur, leur opacité, leur légèreté, leur volupté, leur temporalité.
Alors plongeons. Et occupons nous du soleil, juste après.
23.12.2023
Lettre à cœur ouvert, une veille de fête de Noël.
Quand le solstice d’hiver s’allie à mon pré-hiver.
Quand les nuages de mon cœur veulent rencontrer le soleil de mon être.
Et que l’écriture m’accompagne, toujours, vers la fin de cette guerre.
Je ne sais pas encore quelles seront les « clés de chez moi » pour cette fois,
celles qui me feront parvenir à y plonger.
Mais en tous cas je sais, je sens qu’elles sont là, à proximité.
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